Paul Gauguin

1848 - 1903

Impasse Paul Gauguin
Impasse : « rue sans issue »

Sans issue… fut effectivement le bilan du passage à Rouen de Paul Gauguin, après 11 mois passés dans notre ville, en 1884 où il réalisera pendant son séjour 42 toiles. Pourtant, malgré cette impression peu flatteuse à l’égard de notre ville de province, on peut s’enorgueillir qu’un être aussi profond, passionné de vie et de peinture ait vécu dans notre quartier.

 Pourquoi Gauguin vient-il s’installer à Rouen en janvier 1884 ?

 La peinture, son destin.

Gauguin est initié à la peinture contemporaine par son tuteur Gustave Arosa , grand amateur de Delacroix, Courbet, Corot, Daumier et Pissaro. En même temps que son travail à la bourse, chez l’agent de change Bertin, Gauguin cultive son intérêt pour l’art, la poésie et la littérature.

Son activité liée à la bourse lui permet de gagner largement sa vie, et en 1873, il épouse une jeune et riche danoise, Mette Gad. La peinture est un loisir auquel il se consacre avec son ami et collègue de bureau, Emile Schuffenhecker. Son désir de dominer la peinture augmente en même temps que sa technique s’affine. Grâce à Pissaro dont il est l’ami, il participe à la cinquième exposition en 1880.

A la suite du krach financier de 1882, Gauguin abandonne la finance et se consacre entièrement à la peinture. Mais Les difficultés matérielles toujours plus pressantes, mariées à l’intolérance, au refus véritable du milieu parisien pousseront Gauguin à quitter la capitale. Le voilà alors, fuyant les conventions, la routine et l’ennui. « Le vrai voyageur est celui qui part pour partir » écrivait Baudelaire.

Rouen, terre d’espoir

Paul Gauguin ressent déjà la nécessité de partir dans l’espoir de trouver ailleurs le salut. En 1883, il écrit à Pissaro: « j’ai envie de voir si je ne trouverais pas à Rouen une maison à louer … j’essaierai de me faire des relations à Rouen. Peut-être viendrai-je un peu dans cette ville où il y a des négociants riches, un peu ici, un peu là. Durand Ruel pourrait bien m’aider un peu, je lui ai fait faire assez d’affaires ».

Gauguin et Pissaro viennent en automne 1883 choisir un appartement à Rouen. 5, impasse Malherne; il sy installera en novembre au grand désespoir de son épouse. un court article dans le journal Paris-Normandie du 15 septembre 1965, relatant le passage de Gauguin à Rouen, concluait ainsi : » Rouen a donné à une impasse le nom du peintre, fut-ce alors une intention symbolique?«. Une lettre à Pissaro du 13 janvier 1884 fait état de cette installation (au musée des Beaux Arts de Rouen – catalogue N° 43, Expo. Beaux Arts Août 1984, in merlès). Le 9 avril 1884, il laisse en dépôt, chez Durand Ruel à Paris, sept tableaux: – Jardin de Bonsecours – Coteau des malades – La rue du Nord – La maison blanche – Le clos d’Ernemont – Jardin abandonné – Chez le jardinier

Eté 1884, exposition chez Mürer

En été 1884, il expose chez Mürer, à l’Hôtel du Dauphin et d’Espagne. des toiles de sa collection personnelle. dont un tableau de lui. Au N° 4-6, rue de la République à Rouen. existait autrefois, à l’emplacement des futurs théâtres de !’Alhambra puis l’Omnia et aujourd’hui les cinémas Gaumont, à !’Hôtel du Dauphin et d’Espagne. En 1881, Hyacinthe Mürer. à la fois pâtissier. peintre, collectionneur et surtout ami des peintres impressionnistes. avait acheté cet hôtel et organisait de nombreuses expositions. Beaucoup de peintres dont Monet. Pissaro. Degas. Renoir, Cézanne. Guillaumin, Sisley, Vignon et le peintre rouennais Joseph Delattre y exposèrent régulièrement, faisant de Rouen, par attraction de ce lieu, » une capitale de l’impressionnisme».

Le 12 août 1884. lors de l’ouverture de l’exposition des Beaux-arts de Rouen, Gauguin. alors élève de Jobbé Duval, expose » une scandinave » (pastel) et un buste de sa femme Mette. Mais hélas, contrairement à ce qu’il avait espéré, Gauguin doit se heurter aux mêmes résistances qu’il avait rencontrées dans la capitale. Là aussi. la vie est insoutenable et Gauguin fuit à nouveau l’enfer du monde bourgeois et conformiste qui le dégoûte progressivement du monde civilisé. Notons quatre autres tableaux rouennais: L’église saint Ouen, 1884 (collection particulière, U.S.A.), Le port de Rouen. 1884 (collection Reader Digest’s Ass .. U.S.A.). Les toits bleus, 1884 (collection Reinhart Winterthur), L’église de Bihorel. 1884 (vue de la route de Neufchâtel) ( « Du Bois-Guillaume au Bihorel d’aujourd’hui » livre de Gabrielle Sueur et Alfred Morel – Ed. Bertout.) Et un également dieppois: » Baigneuses à Dieppe«, 1885 –

De ce séjour à Rouen. Paul Gauguin laissera plusieurs oeuvres importantes qui seront exposées avec des toiles peintes au Danemark, lors de la huitième et dernière exposition des impressionnistes qui eut lieu du 15 mai au 15 juin 1886. Gauguin quitte donc Rouen en octobre 1884. Il dira plus tard à Pissaro que Rouen fut un passage nécessaire « car j’avais besoin d’un point de départ opposé à celui que je déteste chez les peintres à effet et tire l’oeil » Une dernière étape normande le conduit à Dieppe en septembre 1885; il y peindra quelques toiles (Côtes près de Dieppe; Scènes dans le port de Dieppe; Les Vaches ) qui préfigurent son style breton, de Pont-Aven.

 

Texte de Marie LEROY

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