Les monuments

Jouvenet - Ernemont - Boulingrin

Le monument aux morts des forains

Seul monument aux morts en France dédié aux forains décédés durant la première guerre mondiale.

A l’issue de la première guerre mondiale, les forains, désireux d’édifier un monument à la mémoire de leurs disparus, créèrent à Asnières un comité présidé par Alphonse RANCY.

La mairie de PARIS et celle de NEUILLY refusèrent l’autorisation d’implanter un monument. Le roi des belges, ALBERT 1er, proposa de l’ériger à BRUXELLES, mais ce fut finalement ROUEN qui fut choisie par le comité, en raison de l’importance de la foire Saint ROMAIN, qui permet aux forains de se réunir un mois durant fin octobre – mi-novembre.

Le 27 novembre 1930, la ville de ROUEN donna l’autorisation d’implanter le monument au cœur même de la foire, place du BOULINGRIN, devant le pavillon des gardes-champêtres.

La réalisation en fut confiée à l’architecte Jean DAHMEN, sur une maquette du sculpteur Maxime REAL DEL SARTE (1889-1954). De conception originale, l’édifice s’inspire des formes antiques : un hémicycle de 11 mètres comprenant 4 colonnes, surmontées d’un fronton où sont gravés ces mots :

Aux forains morts glorieusement

1914  pour la patrie 1918

La sculpture centrale, placée sur une volée de 9 marches, représente 2 lions traînant un char portant la Gloire ailée qui tend de son bras droit une couronne de lauriers et soutient de son bras gauche un poilu mourant. D’importantes festivités marquèrent l’inauguration du monument, le 15 novembre 1931. Le cortège, accompagné par la Musique Municipale, était conduit par le Maire, Georges MÉTAYER et le député Paul ANQUETIL, suivis par les membres de nombreuses sociétés savantes, philanthropiques ou patriotiques et d’amicales d’anciens combattants. L’Union Foraine Belge avait également envoyé des représentants. Les discours prononcés abordèrent les thèmes de l’union, de la justice et de la paix.
Au cours du bombardement du 17 août 1942, une torpille décapita un des lions. La restauration fut assurée par REAL DEL SARTE, qui confia le travail au sculpteur rouennais Richard DUFOUR. La Ville de ROUEN, à laquelle les forains avaient remis le monument lors de son inauguration et qui était donc responsable de son entretien, toucha une subvention du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. A l’issue des travaux, en septembre 1949, on apposa au pied de la statue une plaque portant l’inscription :

A nos morts de la guerre
1939 – 1945

soldats, requis, déportés, victimes de l’extermination et du nazisme

En 1974, le déplacement du monument aux morts, situé au bord du boulevard, fut rendu nécessaire par le projet d’élargissement de la chaussée. Désireuse de maintenir le monument à proximité de la foire SAINT ROMAIN, la Ville décida son transfert à quelques mètres, dans l’angle formé par le bas de la rampe Saint Hilaire, la rue des Marronniers et le boulevard. Les travaux, confiés à l’entreprise DEGRAVE, se révélèrent plus délicats que prévus : en effet, le monument était en grande partie en béton et pesait plus de 600 tonnes. Seuls les lions avaient été sculptés dans la pierre. Tous les motifs architecturaux en béton (colonnes, frontons …) avaient néanmoins été exécutés en blocs appareillés, ce qui rendait le démontage possible. Les travaux de transfert durèrent environ 7 mois et furent achevés début mai 1975.

En plus des commémorations des deux guerres mondiales, le Monument aux Morts est fleuri à chaque inauguration de la foire SAINT ROMAINS par la Reine des Forains et une délégation de forains et d’élus municipaux.